Un chapitre où tout l'art consiste à compter
les nombres d'inconnues et d'équations...
Acquis antérieurs | |
Approche cinématique |
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Approche dynamique |
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Bilan : ce qu'il faut retenir |
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La théorie des mécanismes s'appuie sur l'étude des chaînes fermées de solides et a pour buts :
Soit le graphe des liaisons connu pour un mécanisme donné, ou le graphe proposé pour un mécanisme à concevoir.
Nombre de cycles
La théorie des mécanismes s'applique
à l'études des chaînes fermées de solides. Le
premier souci est donc de les dénombrer.
On appelle nombre de cycles
le nombre de chaînes fermées indépendantes nécessaires
pour décrire un graphe.
Ce nombre est noté μ et est calculé par la formule
μ = 1 + NL - Np
Soit un mécanisme dont le graphe des liaisons est donné ci-contre :
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Ces deux chaînes fermées indépendantes sont par exemple : 1-2-5-1 Il existe une troisième chaîne fermée, 1-2-3-4-5-1, mais qui se déduit des deux précédentes. (cf. § suivant) |
Détermination du nombre d'équations
Une fois les chaînes fermées indépendantes dénombrées, la résolution du problème se poursuit en appliquant la loi de composition des mouvements sur chacune de ces chaînes, en partant de la constatation triviale que :
Il
y a donc autant d'équations torsorielles indépendantes que de chaînes
fermées indépendantes.
Soit EC le nombre d'équations scalaires issues de ces équations de fermeture
cinématique :
Ec = 6 μ
En reprenant l'exemple précédent, les deux équations torsorielles indépendantes à considérer sont, par exemple | |
Ce qui donne 12 équations scalaires... |
Remarque : Si l'on somme les deux équations précédentes, on obtient Ce qui correspond bien à la description de la troisième chaîne fermée trouvée, 1-2-3-4-5-1 |
Détermination du nombre d'inconnues
Soit Ic le nombre d'inconnues cinématiques du problème.
Ce nombre se
détermine en sommant les degrés de liberté de chacune des NL liaisons.
Le nombre d'inconnues dépend de la nature des modèles adoptés pour les liaisons. |
Indice de mobilité
Soit à résoudre le système de Ec équations obtenues à Ic inconnues dénombrées. Ce système est un système linéaire homogène, qui peut être écrit sous la forme matricielle suivante
On définit l'indice de mobilité comme étant le nombre Ic - Ec
L'indice
de mobilité est un entier relatif. |
Degré de mobilité d'un mécanisme
La résolution du système d'équations précédent prend en compte son rang, noté rC.
Dans le cas où rc = Ic, la seule solution est la nullité de toutes les inconnues, donc de tous les paramètres cinématiques. Le mécanisme définit alors une structure rigide, aucun mouvement n'est possible.
Dans le cas contraire, supposons connu le rang du système et les équations disposées ainsi :
On définit le degré de mobilité m = Ic - rc
Le
nombre définissant le degré de mobilité est un entier naturel, donc positif
ou nul. |
Le degré de mobilité
m représente le nombre d'inconnues qu'il faut passer dans le second membre.
Toutes les autres inconnues du problème pourront être exprimées
en fonction de ces m paramètres.
Dans le cas d'un mécanisme, ces m inconnues ne sont pas choisies au hasard. Elles correspondent au moins aux mouvements d'entrée du mécanisme. C'est ainsi que l'on obtient la loi entrée-sortie du mécanisme. |
Mobilité utile et mobilité interne
Le degré de mobilité d'un mécanisme définit le nombre de mouvements indépendants qu'il est possible de fixer arbitrairement. Ces mouvements comprennent bien évidemment le(s) mouvement(s) d'entrée.
On a bien évidemment
m
= mu + mi
ATTENTION : Mobilités utiles et internes relèvent
de l'interprétation technologique que l'on donne aux différents
mouvements possibles trouvés au sein du mécanisme.
La
théorie des mécanismes seule ne permet pas de faire de distinction !
Degré de statisme d'un mécanisme
Soit le nombre h = Ec - rc
Ce nombre est appelé degré de statisme du mécanisme.
Le
nombre définissant le degré de statisme est un entier
naturel |
Il exprime le nombre d'équations ne servant pas à
la résolution. (le plus souvent de la forme 0 = 0)
Il définit
le nombre de degrés de liberté absents pour garantir un montage et un fonctionnement
sans contrainte du mécanisme.
Finalement, la forme du système d'équation peut être présentée de la manière suivante
Approche globale
Sachant que
m
= Ic - rc
h = Ec - rc
On en déduit
m - h = Ic - Ec
L'indice
de mobilité d'un mécanisme est égal à la différence
entre les degrés de mobilité et de statisme.
L'utilisation
de cette relation fait l'objet d'un chapitre particulier.
Soit le graphe des liaisons connu pour un mécanisme donné, ou le graphe proposé pour un mécanisme à concevoir.
Détermination du nombre d'équations
Une étude dynamique systématique est menée en étudiant le mouvement ou l'équilibre de chacune des pièces du mécanisme.
Le mouvement ou l'équilibre étant nécessairement relatif à une de ces pièces, prise comme référentiel, on dénombre alors Np-1 solides à étudier.
En
général, le bâti est considéré comme un référentiel
galiléen satisfaisant, et tous les mouvements à considérer
pour cette recherche exhaustive sont relatifs à celui ci. |
Soit Es le nombre d'équations scalaires obtenues après une étude exhaustive :
Es = 6 (Np-1)
Détermination du nombre d'inconnues
Soit Is le nombre d'inconnues d'actions mécaniques transmissibles par les liaisons
du problème.
Ce nombre se détermine en sommant les nombres de
paramètres d'actions mécaniques transmissibles par chacune des NL liaisons.
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Avec l'hypothèse de liaisons parfaites, il y a dualité entre le torseur des actions mécaniques transmissibles par une liaison et son torseur cinématique :
Pour une liaison donnée à k inconnues cinématiques, on a donc 6-k inconnues d'actions mécaniques transmissibles.Indice de mobilité
Soit à résoudre le système de Es équations obtenues à Is inconnues dénombrées. Ce système est un système linéaire avec second membre, qui peut être écrit sous la forme matricielle suivante :
Le second membre comporte :
On constate les égalités suivantes :
Ic-Ec = (6NL-Ic)-6(NL-Np+1) = 6(Np-1)-Is = Es-Is
On définit ainsi l'indice de mobilité comme étant également le nombre Es - Is
Isostatisme - Hyperstatisme
La résolution du système d'équations précédent prend en compte son rang, noté rs.
Dans le cas où rs = Is, la seule solution du système homogène associé est la nullité de toutes les inconnues, donc de tous les paramètres d'actions mécaniques transmissibles par les liaisons. Cette constatation induit les deux définitions suivantes :
Dans le cas contraire, supposons connu le rang du système et les équations disposées ainsi :
On définit le degré de statisme h par
h = Is - rs
Le
nombre définissant le degré de statisme est un entier
naturel, |
Le degré de statisme h représente le nombre d'inconnues qu'il faut passer
dans le second membre.
Ce sont des inconnues d'actions mécaniques de
liaison ne pouvant pas être déterminées par la seule théorie
des mécanismes.
Un mécanisme hyperstatique est plus rigide au sens de la résistance des matériaux. Quand cela est souhaité, les contraintes induites ont un coût, au sens financier du terme. L'hyperstatisme s'achète, et les critères d'évaluation de la pertinence de ce choix dépassent très largement le cadre de ce cours. |
Degré de mobilité d'un mécanisme
Soit le nombre m défini par
m = Es - rs
Ce nombre est appelé degré de mobilité du mécanisme.
Le
nombre définissant le degré de mobilité est un entier naturel, donc positif
ou nul. |
Il exprime le nombre d'équations ne servant pas à
la détermination des actions mécaniques de liaison, de la forme 0 = 0 pour l'équation
homogène associée.
De par la dualité entre les deux
approches, on peut formuler la proposition suivante : Là où n'existe
aucune composante d'action mécanique transmissible apparaît une possibilité
de mouvement.
Finalement, la forme du système d'équation peut être présentée de la manière suivante :
Statisme - Cinématisme
Il faut reprendre l'histoire de la mécanique
pour comprendre l'origine des termes utilisés.
C'est bien évidemment
la modélisation des actions mécaniques qui a longtemps causé
souci. Le vocabulaire associé aux torseurs est un exemple de cet héritage.
(Résultante - Moment - Glisseur - Couple - ...). Cette préoccupation
se retrouve dans la théorie des mécanismes, où parmi les
notions fortes sont l'isostatisme et l'hyperstatisme.
Aujourd'hui, on pourrait parler sans difficulté d'isocinématisme ou d'hypercinématisme lors de l'approche cinématique : pour en savoir plus, consulter par exemple l'excellent ouvrage de Michel Lajoie et Bernard Lodier (cf bibliographie)
Vocabulaire, notation et formulaire
Approche
cinématique |
Approche
dynamique |
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Nombre de pièces d'un mécanisme | Np |
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Nombre de liaisons d'un mécanisme | NL |
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Nombre de cycles | μ = NL - Np + 1 | |
Nombre d'équations | Ec = 6 μ | Es = 6 (Np-1) |
Nombre d'inconnues | Ic | Is |
Indice de mobilité | Ic - Ec | Es - Is |
Degré de mobilité | m = Ic - rc | m = Es - rs |
Degré de statisme | h = Ec - rc | h = Is - rs |
Approche globale | Ic - Ec = m - h | Es - Is = m - h |
Quelle approche privilégier ?
Toute étude commence par une approche globale. En effet, il est inutile de se lancer dans des calculs qui deviennent très rapidement complexes pour déboucher sur des conclusions triviales. Par ailleurs, il n'est pas inutile d'avoir une idée préliminaire de ce vers quoi on tend.
Pour une recherche des degrés de mobilité et de statisme, l'approche cinématique est à privilégier, et ce pour deux raisons :
Pour une recherche de la loi entrée-sortie d'un point de vue dynamique, l'approche énergétique (cf. cours de dynamique) est à privilégier. Le théorème de l'énergie cinétique donne un résultat immédiat.
L'approche dynamique enfin est à mener lorsque l'on cherche à dimensionner les composants d'un mécanisme. Il est alors seulement nécessaire de connaître les torseurs d'actions mécaniques transmissibles par les liaisons.
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